Bazar

Une confiture de lettres

Lundi 9 mai 2011 à 10:10






L'eau de la douche file entre mes doigts, tel mes pensées que je ne contrôle plus. A toute vitesse je me qualifie de truc, de poupée, d'un rien, et d'autres choses encore.


Mon amant se nomme Emerald. Agé de 26 ans, nous nous voyons en cachette depuis maintenant 5 ans chez moi, où mon père, le plus souvent en voyage d'affaire, me fait totalement confiance quant à mes fréquentations. C'est que je n'ai jamais eu le moindre problème, et mon sourire angélique de fille unique n'ébranlerai jamais ses convictions les plus profondes: je suis une vraie nonne pour lui. Puis vint le jour, où Emerald et moi décidâmes de nous montrer au jour, à un âge ou le mariage est tout à fait envisageable bien qu'il ne soit pas issu du même milieu social que nous. Mon père est un homme tolérant qui ne voulait que mon bonheur, il n'aurai jamais osé me contredire sur mes choix.


Mais à présent que cela est officialisé, peu de changements fûrent au rendez-vous. Lorsqu'il est invité, je ne suis pas là. On ne la connait pas, disent-ils. Alors ne veulent-ils pas me connaitre? Pourquoi cette excuse bancale, sinon pour ne pas me froisser? Ou simplement me faire comprendre que je dois rester à ma place de poupée de mon fiancé. Poupée qui ne bouge pas, l'on joue avec, puis on la range.

Alors comme souvent je suis seule, sort m'habiller puis contemple la fenêtre. Dois-je rester avec lui si l'on ne m'accepte pas, qu'il ne me défend auprès des autres? Il est certes protecteur mais pas raisonnable. Excessif ou trop lascif. Peut-être que ses proches oublient  qu'il n'est pas seul. Qu'il va se marier. Les autres eux sont libres, mais pas lui. Alors il voudrait cette liberté sans doute.


C'est pourquoi je reste dans un coin de son placard tel un pokémon dans sa pokeball. Mon cœur bat à son approche, à ses pensées, puis s'arrête lorsqu'il n'est plus là. Sans donner de ses nouvelles, égoïstement absent, je me raccroche à des souvenirs qui m'échappent manifestement. Ils passent et s'envolent au loin, par cette fenêtre où mes sentiments divaguent au gré du vent.

Je suis un truc, sa chose. Un fantôme qu'il voit de temps en temps, qu'il aime lorsqu'il me voit. Lorsqu'il n'est plus là, alors il est de nouveau libre et seul. Les autres le voient ainsi, et moi je vois les autres me l'arracher peu à peu. Mon cœur s'effile, déchiré entre lui et ces gens qui me le prennent. Je me bats, mais saurais-je gagner? Perdre me serai fatal je le sais, mais je n'ai plus rien à faire sinon pleurer.

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