Bazar

Une confiture de lettres

Mardi 10 mai 2011 à 0:32



"Chère amie, je vous parle d'un lieu qui ne vous parle sans doute pas.

J'aurai aimé vous écrire réellement et non m'adresser aux étoiles, espérant obtenir une réponse. Suis-je si désespérée pour me rattacher à ce bribe d'espoir aussi mince que le vent?

Pourtant je crois maintenant que tout peut arriver.
Vois-tu, cette histoire étrange commence dès la naissance de mon enfant, le deuxième. Philibert. Tout petit déjà, il s'en allait sans cesse au dehors, à quatre pattes. Si je ne l'y promenai pas, alors il braillait sans arrêt. Tu t'en souviens je crois, plus grand encore lorsqu'il se mit à parler, il nous demandait continuellement de partir faire quelques pas dans cette forêt en bas de chez nous. Nous y allions et c'est d'un air hypnotisé qu'il contemplait feuilles et arbres, il aurait fait un excellent botaniste pensions nous.

Ce que tu ne sais pas, que j'ai omis de dire, c'est qu'à présent il est libre de s'y rendre, s'il le veut. Je n'ai pas la force de le retenir, la morale n'a plus moyens de pression et son père est alité, savourant sa dernière bouteille de Chardonnay.

Et je le savais parti, Philibert. Alors je me suis aventurée dans cette forêt, puisqu'il ne rentrait pas ce soir, munie d'une lanterne qui m'éclairerai le chemin et me voilà partie, seule, en train d’appeler son nom le plus fort possible. Nous n'étions pas en froid, je ne comprends toujours pas sa fuite. Toujours est-il que j’entendis un bruit suspect, un peu plus au nord. Sans réfléchir j'y couru rapidement et, bien malgré moi, ma lanterne tomba en un fracas peu rassurant. Ainsi perdue dans le noir je tentais difficilement de m'éclairer sous la lune, qui, couverte par quelques nuages, m'aidait du mieux qu'elle pu.

Mes pieds me faisaient mal, j'étais totalement perdue entre ces branches et ces feuilles hautes, où aller à présent? C'est alors qu'une petite fée se glissa dans ma lanterne, l'illuminant d'un coté seulement. Quelle  surprise! Son petit doigt pointait le chemin de gauche, un sourire prit possession de mon visage. Je pensais parvenir à le retrouver, tout était possible, puisque ces petits êtres frêles que je croyais seulement être dans l'esprit de certains existaient donc vraiment!

Durant quelques minutes je suivais les indications de cette jeune fée, pour me retrouver à présent là d'où je te parle.

Un palais de verre se dresse devant moi, un palais miniature où grand nombre de fées semblables à ma sauveuse papillonnent autour d'un être dont elles plantent dans la peau  feuilles d'arbres et pétales de fleurs. Je reconnais là le visage de mon fils, qui semble aux anges parmi elles. Situé devant le palais, entouré par des centaines de fées, j'ai tenté par deux fois de le sauver mais je vois peu à peu sa peau devenir écorce, ses cheveux verdir à vue d’œil. Mon fils est-il voué à devenir une plante? Elles lui tournent autour, lui offrent des offrandes, et moi je ne sais que faire devant cette scène où l'on m'a convié sans pouvoir intervenir. Lorsque je fais un seul pas, elles me piquent par dizaine d'un petit éclair doré.

ChèreAmie, je ne sais que faire devant ce spectacle, pourquoi me montrer sa mort? "




La mère, apeurée, s'agenouille les mains contre ses yeux, la tête posée sur ses genoux. La petite fée qui l'avait sauvée lui essuya une larme, puis souleva légèrement le visage de la femme afin qu'elle observe le spectacle. Philibert devenait un chêne, un immense chêne. Son esprit illuminait la forêt, caressa d'un vent magique le corps de sa mère à présent rassurée, puis étendit ses branche au plus loin qu'il pu, apportant avec lui bonheur et sagesse.


Sa mère aujourd'hui se rend chaque jour auprès de ce grand chêne, posant sa main sur son écorce. Elle sent le cœur de son fils battre à l’intérieur, le sang couler à flot. Déposant quelques gerbes de fleurs, tel une tombe dont elle saurait le mort-vivant prisonnier à jamais, la femme en devint peu à peu malade de chagrin, malgré le bonheur de Philibert. Son état se dégrade puis, à sa mort, elle fût enterrée au pied du grand chêne où chacun était persuadé que l'histoire de son fils était fausse. Mais puisqu'il s'agissait de ses dernières volontés, elle est à présent enterrée au pied de l'arbre. Son fils...





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